Joseph Orsel ex seigneur des Echelles dote une fille vertueuse du pays par un "don patriotique" sous la pression financière d'Albitte

PHILIBERTE GACON « fille Thérèse »  par Jacques  Billoud

Philiberte Gacon naît le 10 janvier 1758

Paroisse de Yon (Artemare) :

Le dixieme de janvier mil sept cent cinquante huit a été baptisée une fille appellée Philiberte dont le pere et la mere sont inconnus, trouvée dans le grand chemin devant la porte de M[aîtr]e Jean Combet procureur fiscal en la justice de Virieu.

A été parain Joseph Berrier et marraine Philiberte Gacon

tous illiterés (= illettrés) de ce enquis. »

Cerdon curé

 

En juillet 1758 elle est prise en charge par : l'Hôpital Général de Notre Dame de Pitié du pont du Rhône et Grand Hôtel Dieu de Lyon : Numéro matricule 7360

Le 16. dud[it] juillet :

"Nous avons reçu par billet de Monsieur Dupont en datte du vingt sixieme juin dernier cotté N° 172 Philiberte Gacon nee le dixieme janvier dernier suivant son extrait baptistaire signé par M[essir]e Cerdon curé de la paroisse d’Yon en Bugey diocèse de Genève.

Le 17. dud[it] juillet elle est placée

"donné a Jean Tripier et Benoite Savay d’ Harang (Aranc) au bourg."

1765

A 7 ans, Philiberte quitte les petits enfants » de l’Hôtel-Dieu pour passer aux « Grands enfants » de Hôpital Général de la Charité et Aumône Générale de Lyon et devient le numéro matricule 892.

Philiberte Gacon "nourrie chez Jean Tripier et Benoite Savay de la paroisse d’Haran (Aranc) en Bugey ", " Remise le 21 avril 1765 a Monsieur Petitain suivant la convention qu’il a passée avec le Bureau de la Charité. "

1767

 A 9 ans, Philiberte est " Remise en campagne le 4. may a Marianne Nitelon veuve de Joseph Tripier de la paroisse d’Haran (Aranc) en Bugey au Bourg "

Les administrateurs  de l’Hôpital de la Charité  lui ont donné :

"22. octobre 1767, robe, bas, souliers et coiffe.

30 septembre 1768, habit neuf et deux chemises.

Les hardes neuves le 11 novembre 1769.

Les hardes neuves le 18 janvier 1771.

La dernière robe, le 25 octobre de la même année."

Philiberte a alors 13 ans.

1768  Inspections de la mère nourricière :

Harang (Aranc) en Bugey

"N° 892 Philiberte Gacon fille Therese * agée de 10 ans. Remise a Marie Anne Nitelon veuve de Joseph Trivier au Bourg a 18 lt ( livre tournois) Vue en Bon Etat. Mise a 12 lt "

*Fille Thérèse : dénomination, dans les registres, d’une catégorie d’enfants abandonnés. Il s’agit d’une enfant illégitime exposée ou trouvée.

1770

"N° 892 Philiberte Gacon f. T. (= fille Therese) 12 [ans] a la veuve Tripier au Bourg. à 12 lt.Vue en Tres Bon etat "

La mère nourricière est rétribuée : 18 livres tournois (livre de Tours) la première année, puis 12 livres par an les 3 années suivantes, et enfin 6 livres par an, à compter des 13 ans de Philiberte, et ce, pendant 4 ans. En plus, 6 livres, en juin 1774,  pour la première communion.

1775

La rétribution s’achève le 4 mai. Philiberte a 17 ans.

1788

Philiberte a 30 ans. Le 12 mars, trois des administrateurs de la Charité de Lyon lui donnent la « première permission de se marier » « on l’a remis à Mr le curé de Jujurieux en Bugey », elle y est servante.

En l’an II (1794) de la République Française, Une, Indivisible et Démocratique, Philiberte y rencontre l’Histoire.

Par arrêté du 24 ventôse (14 mars), daté de Chambéry,

Albitte, " Représentant du Peuple, envoyé pour des mesures de Salut public, et l’Etablissement du Gouvernement révolutionnaire, dans les Départemens de l’Ain et du Mont-Blanc " décide de libérer le notaire Jean Claude Savarin, emprisonné à Ambronay, moyennant la somme de 300 livres, attribuée à la municipalité de Jujurieux qui devra en employer 200 "à doter une jeune fille pauvre et vertueuse, qui, sous les auspices de la dite municipalité, sera mariée la premiere decade"

Le 13 germinal (2 avril)

Philiberte Gacon se présente devant le conseil municipal de Jujurieux et pose sa candidature. Elle a l’intention d’épouser Etienne Poguet, 54 ans, de La Combe, veuf avec deux enfants mineurs et qui vit avec son vieux père.

Après délibération du conseil, elle est retenue et la dot est augmentée de 400 livres, par un « don patriotique » de Joseph Orsel, citoyen de Jujurieux.

"L’acte civil de ce mariage sera passé devant l’officier public de cette commune, la decade du vingt de ce mois (9 avril) au pied de larbre de la liberté et en presence des officiers municipaux et de l’agent nationnal "

Le 19 germinal (8 avril)

Jean Claude Savarin, notaire de Jujurieux, rédige le contrat de mariage  entre Philiberte Gacon et Etienne Poguet. Comme prévu, le mariage a lieu le 20 germinal.

Le 7 floréal an VIII (28 avril 1800), à 42 ans, Philiberte met au monde un garçon, Jean Claude, qui ne vivra qu’une heure. Elle n’aura pas d’autre enfant avec Etienne Poguet. Ce dernier meurt à La Combe en 1821, Philiberte en 1828, à l’âge de 70 ans.